Chapitre 24

 

 

Ils me lurent mes droits, mais je n’y prêtai pas vraiment attention. Je n’avais pas besoin d’écouter leur litanie pour savoir que garder le silence était ce que j’avais de mieux à faire. Je me trouvais à l’arrière d’une ambulance, menottée à un brancard. Au bout d’une demi-heure, face à mon refus persistant de répondre aux questions, un flic grand et maigre se fraya un chemin jusqu’à moi.

— Je l’emmène avec moi, Kirkland.

L’agent Kirkland, qui m’avait lu mes droits, hésita.

— Inspecteur Isaac ? Mais...

— Les médias vont arriver d’une minute à l’autre, et on a besoin de réponses, alors oublie le protocole ! dit sèchement l’homme.

— Hé, les gars, je me suis pris une balle. Je saigne, j’ai besoin de soins, etc., les interrompis-je.

— Ferme-la, dit Isaac d’une voix brusque tout en détachant mes menottes du brancard.

Les infirmiers le regardèrent, incrédules. Isaac me força à le suivre en tirant sur mes mains menottées, réveillant la douleur dans mon épaule.

Kirkland ouvrit la bouche toute grande, mais ne dit rien. Il avait l’air plus que pressé de partir de cet endroit.

L’inspecteur Isaac me poussa sans ménagement à l’arrière d’une voiture de police banalisée. Tout ce quelle avait d’officiel, c’était le gyrophare posé sur le tableau de bord. Je regardai autour de moi, surprise. Était-ce bien la procédure habituelle ?

— Je suis blessée, et vos bouffons de collègues m’ont déjà interrogée pendant une demi-heure. N’êtes-vous pas censé m’emmener à l’hôpital ? demandai-je alors qu’Isaac démarrait.

— Ferme-la, dit-il de nouveau en se frayant un chemin dans le dédale de voitures de police qui entouraient les décombres de la maison.

— N’importe quel avocat dirait que c’est une violation de mes droits, continuai-je comme si je ne l’avais pas entendu.

Il me regarda méchamment dans le rétroviseur.

— Ferme ta gueule, répondit-il en appuyant sur chaque mot.

Tout ça ne me paraissait pas normal. Bien sûr, c’était la première fois que je me faisais arrêter, mais quand même. Je reniflai. Isaac dégageait une odeur particulière, mais je n’arrivais pas à identifier ce que c’était. Je n’avais pas l’habitude de me servir de mon odorat pour faire des diagnostics.

Au bout de quelques minutes, l’agitation qui régnait autour de la scène du crime fut derrière nous et nous atteignîmes la route. Isaac poussa un grognement de satisfaction et croisa de nouveau mon regard dans le rétroviseur.

— Quel dommage, Catherine. Une fille comme toi, qui a toute la vie devant elle et qui gâche tout en s’impliquant dans une affaire de traite des Blanches. Dire que tu es allée jusqu’à tuer tes grands-parents pour couvrir tes activités ! Quelle tragédie.

— Hé, inspecteur « Tête-de-Noeud », dis-je clairement, allez vous faire foutre.

— Ooh, comme elle me parle, gloussa Isaac. Mais ça ne me surprend pas, venant de toi. Tu t’apprêtais même à vendre ta propre mère à cette filière, hein ?

— Mais vous êtes le roi des..., commençai-je avec colère avant de m’interrompre et d’inspirer une nouvelle fois profondément.

Isaac en savait trop, et je savais maintenant quelle était cette odeur.

À l’instant même où il lança son bras dans ma direction, je me projetai vers l’avant de la voiture. Il tira une fois, mais la balle qui m’était destinée s’enfonça dans la banquette. La voiture tanguait dangereusement et Isaac tenta une nouvelle fois de viser.

Je lui écrasai la tête contre le volant. La voiture fit un écart de l’autre côté de la route, qui était heureusement vide à cette heure de la nuit, et je saisis le volant pour éviter l’accident. Lorsque Isaac releva les yeux, quelques secondes plus tard, sonné et ensanglanté, je tenais son arme pointée sur lui.

— Gare-toi gentiment ou je fais gicler ta cervelle sur le pare-brise.

Il essaya de s’emparer du pistolet mais je le frappai à la mâchoire avant que ses doigts aient eu le temps de l’effleurer.

— Essaie encore, Renfield[11], et tu verras où ça te mène.

Il écarquilla les yeux. Je partis d’un rire mauvais.

— Je sais ce que tu es. Quel surnom tu préfères : Renfield, serviteur des vampires ou adorateur des chauves-souris ? Tu pues le vampire, et pas seulement le vampire mort. Une fois flétris, ils changent d’odeur, bizarre non ? Alors, à qui tu sers de coursier ? De quelle ordure à sang froid tu lèches les bottes dans l’espoir d’être transformé en vampire ?

Isaac arrêta la voiture. Nous étions déjà sur le bord de la route.

— T’es en train de commettre la plus grosse erreur de ta vie.

Je serrai le frein à main et saisis ses testicules sans même lui laisser le temps de crier. Cela dit, il cria lorsque je les serrai violemment.

— C’était qui ? Qui t’a envoyé me finir ?

— Je t’emmerde.

Je malaxai ses bijoux de famille comme je l’aurais fait d’une boule relaxante. Isaac poussa un cri aigu qui résonna douloureusement dans mon crâne.

— Je vais te reposer la question, et je te conseille de ne pas m’énerver davantage. Qui t’a envoyé ?

— Oliver ! répondit-il d’une voix étouffée. C’est Oliver !

Ce n’était pas le nom du maire. En fait, ce nom n’apparaissait même pas sur notre liste de suspects, qu’il s’agisse d’humains ou de vampires.

— Je te conseille d’être plus convaincant. Oliver qui ?

— Ethan Oliver !

Je me figeai, abasourdie. Isaac laissa échapper un petit hennissement.

— Tu n’étais pas au courant ? Hennessey était persuadé que Francesca l’avait dit à Bones.

— Ethan Oliver, murmurai-je. Le gouverneur Ethan Oliver ? C’est un vampire ?

— Non, il est humain. Il fait juste des affaires avec eux.

Tout se mettait en place.

— C’est lui, le partenaire mystérieux d’Hennessey ? Mon Dieu, et dire que j’ai voté pour ce salopard ! Pourquoi a-t-il fait ça ?

— Lâche-moi les couilles ! cria Isaac d’une voix âpre.

Au lieu de cela, je raffermis ma prise.

— Je te lâcherai quand j’aurai tout compris, et l’heure tourne. À chaque minute qui s’écoulera, je serrerai un peu plus fort. D’ici très peu de temps, j’en aurai fait de la bouillie.

— Il veut se présenter aux élections présidentielles, et il se sert de l’Ohio comme tremplin, dit précipitamment Isaac sans reprendre son souffle. Oliver a croisé la route d’Hennessey il y a quelques années. Sûrement quand il s’offrait des filles en douce. Hennessey lui a proposé de ratisser pour lui la population, comme il l’avait fait au Nouveau-Mexique, et cette idée a tout de suite séduit Oliver. Le problème, c’est que ce sont les filles jeunes et jolies qui se vendent le mieux, mais qu’il y a toujours des problèmes quand trop d’entre elles disparaissent. Alors ils ont passé un accord. Hennessey était chargé de débarrasser les rues des sans-abri, des dealers, des prostituées et des paumés, et Oliver s’occupait de faire disparaître la paperasse concernant la disparition des filles haut de gamme dont Hennessey avait besoin pour satisfaire sa clientèle. Mais ça commençait à faire trop de travail, alors Hennessey s’est mis à récupérer les adresses des filles pour empêcher que leur disparition soit signalée. Du coup, ça facilitait beaucoup mon boulot, car je n’avais plus à écouter les pleurnicheries des proches des disparues. C’était parfait. Le taux de criminalité baissait, l’économie s’améliorait, les électeurs étaient contents, Oliver passait pour le sauveur de l’Ohio... et Hennessey se remplissait les poches.

Je secouai la tête, abasourdie par la cruauté impitoyable de toute l’opération. Franchement, je ne savais pas qui était le pire – Hennessey, qui avait organisé toute l’affaire, ou Oliver, qui se faisait passer pour un héros en profitant de la mort tragique de centaines de victimes.

— De toute évidence, Oliver t’a envoyé pour me tuer. Mais pour ce qui est de ma mère et des autres filles qui étaient dans la maison, que comptiez-vous en faire ? Et je te préviens, n’essaie pas de me mentir.

Une nouvelle pression de ma main lui fit pousser un cri aigu, et il comprit que je ne plaisantais pas. Ce qu’il me dit ensuite n’avait rien d’un mensonge.

— Oliver a pris peur quand il a appris que la police avait investi la maison et que certaines des filles avaient été retrouvées vivantes. Il veut effacer toutes les traces susceptibles de conduire les flics jusqu’à lui, c’est pourquoi j’étais censé te tuer et poser une bombe à l’hôpital où les filles ont été emmenées. Oliver avait l’intention de mettre ça sur le dos d’extrémistes musulmans. Il a vu la façon dont Bush a grimpé dans les sondages après le 11 septembre, et il s’est dit que ça le mettrait en position idéale pour la prochaine présidentielle.

— Quel enfoiré, grognai-je. Où est la bombe ?

— Dans le coffre.

Je réfléchis rapidement. Oliver s’attendrait à une explosion dans les prochaines heures. Si elle n’arrivait pas, il enverrait quelqu’un d’autre terminer le travail.

— Isaac, dis-je d’une voix agréable, tu viens avec moi. Je souhaiterais revenir sur mon vote.

 

La résidence du gouverneur, à Bexley, était richement décorée pour les fêtes. Devant la maison, un grand chêne vert arborait des lumières, des guirlandes et divers ornements. D’autres lumières avaient été installées à l’extérieur, et les jardins, en plus de leurs fleurs saisonnières, regorgeaient de poinsettias. Isaac se gara devant la grille en fer forgé, à une centaine de mètres de l’entrée.

— C’est quoi ton plan, sonner à là porte ? demanda-t-il d’un ton moqueur.

J’étais assise sur la banquette arrière, juste derrière lui, et je tenais son arme enfoncée dans ses côtes. La propriété bouillonnait d’une énergie d’outre-tombe. Oh, j’avais tiré le gros lot, aucun doute.

— Ils sont combien ? Et ne fais pas semblant de ne pas comprendre.

Il se garda de jouer les imbéciles.

— Trois vampires, peut-être quatre, plus les gardes de service.

À en juger par les battements de coeur que je percevais, il y avait six gardes humains. Peut-être des types innocents qui faisaient simplement leur boulot. Ou peut-être pas. En revanche, m’occuper des vampires présents ne me posait aucun cas de conscience, mais pas pour mes raisons habituelles. S’ils étaient ici pour protéger Oliver, c’est qu’ils savaient très bien ce qui se passait.

— Ils te connaissent, les gardes ? Tu es déjà venu, non ?

— Des dizaines de fois, ricana-t-il d’un air méprisant. T’es pas tombé sur le bon pigeon, ma poule. Le patron m’a à la bonne.

— Je vois.

J’ôtai mon tee-shirt et mon soutien-gorge d’une seule main sans cesser de menacer Isaac du pistolet. Ensuite, je cachai la blessure de mon épaule à l’aide de mes cheveux. Quant aux autres traces de sang que j’avais sur le corps... eh bien, je ne pouvais rien y faire.

Je vis dans le rétroviseur les yeux écarquillés d’Isaac.

— Conduis jusqu’à l’entrée et dis-leur que tu apportes un cadeau de Noël, dis-je sans aucune émotion en me rasseyant. Je suis sûre que ce ne sera pas la première fois. Et n’oublie pas, j’ai un flingue pointé sur ta tête, alors si tu fais mine de dire autre chose, je te fais sauter la cervelle.

Isaac sourit d’un air narquois. J’étais sûre qu’il tenterait quelque chose, mais j’espérais que son arrogance l’aveuglerait assez pour attendre que nous soyons à l’intérieur.

— Jolis nichons.

— Roule.

Il s’engagea dans l’allée sans protester. Alors qu’il s’approchait du poste de garde, je camouflai l’arme derrière ma hanche pour que personne ne la voie.

Isaac baissa la vitre lorsqu’il s’arrêta devant le portail. L’un des gardes jeta un coup d’oeil à l’intérieur.

— Salut, Frankie, dit Isaac. Me revoilà.

— Deux fois dans la même journée, Jay ? demanda l’homme. Qu’est-ce que tu nous amènes là ?

Isaac baissa également ma vitre – elle était en verre teinté. Lorsque le garde m’aperçut, il reluqua mes seins d’un air lubrique, puis il rit.

— Laisse tomber. J’imagine qu’il vaut mieux que je ne sache rien. Bon timing. La bourgeoise est partie il y a deux heures.

— Bon timing, tu l’as dit, acquiesça Isaac, qui semblait se sentir beaucoup plus en confiance. À plus tard, Frankie.

Nous franchîmes le portail et la voiture s’engagea sur l’allée étroite qui menait à la maison. Je m’apprêtais à remettre mon tee-shirt lorsqu’une personne sans pouls apparut à la porte d’entrée pour voir qui arrivait.

— À l’aide ! cria Isaac.

Puis il se baissa.

Le vampire fonça sur la voiture au moment où j’appuyai sur la détente. Si j’avais été seulement humaine, Isaac s’en serait sorti. Mais j’étais à moitié vampire, et mes forces étaient décuplées grâce au litre de sang de Bones que j’avais bu. Isaac n’avait pas la moindre chance. Sa tête explosa. Le sang gicla dans tous les sens, m’éclaboussant autant que les vitres.

Le vampire arracha ma portière la seconde suivante, mais j’avais eu amplement le temps de viser de nouveau, et je tirai aussitôt dans la bouche ouverte du vampire. Il fut projeté en arrière et je continuai à appuyer sur la détente jusqu’à ce que le chargeur soit vide, puis je lui sautai dessus.

Son visage n’était plus qu’une plaie béante. Il était en train de se régénérer, mais comme son crâne était dans le même état que celui d’Isaac, cela lui prendrait trop longtemps. Je saisis avec soulagement un couteau dans sa ceinture et je le lui enfonçai dans le coeur avant de me retourner juste à temps pour faire face aux deux autres vampires qui fonçaient dans ma direction.

L’un d’entre eux bondit sur moi. Je me baissai aussitôt, si bien qu’il atterrit sur la voiture, ce qui m’offrit le répit dont j’avais besoin pour me jeter en courant sur son partenaire. Deux coups plus tard, il agonisait, une expression incrédule sur le visage. Être sous-estimée était le plus grand des avantages.

L’autre vampire s’était repris et tournait autour de moi, les canines au vent. Des cris me parvenaient de la maison et du poste de garde. J’entendis Frankie appeler des renforts, puis se mettre à courir. Zut. Bientôt la propriété serait envahie de flics. Ou pire.

Je reculai et fis semblant de trébucher. Croc-Blanc mordit à l’hameçon et sauta en avant. Du fait de son élan, le couteau que je lui lançai pénétra encore plus profondément dans sa poitrine. Alors qu’il s’effondrait sur moi en poussant un grondement féroce, je fis une roulade arrière et poussai sur mes jambes pour le projeter à travers la baie vitrée de la façade. Je me remis immédiatement debout et pénétrai à sa suite à l’intérieur de la maison, profitant du passage royal qu’il m’avait ouvert.

Des coups de feu retentirent à l’intérieur et à l’extérieur de la maison alors que les gardes humains essayaient de défendre leur employeur. Je saisis le vampire agonisant et le lançai sur les deux tireurs les plus proches, qui tombèrent à la renverse. Je traversai ensuite la salle à manger en courant, je passai devant la cheminée en pierre sans prendre le temps de m’extasier devant les magnifiques poutres apparentes du plafond et je m’engouffrai dans l’escalier. Derrière moi, mes poursuivants faisaient un boucan de tous les diables.

Je ne m’occupai pas d’eux. J’avais entendu Oliver parler au téléphone et appeler des renforts, et c’est sur lui que je fixai toute mon attention. J’arrivai à l’autre bout du couloir en me servant de son pouls affolé comme d’une balise et je défonçai la porte qui se dressait entre moi et ma proie.

Grâce à l’écart brusque que je fis en apercevant le pistolet, j’évitai de justesse la balle destinée à ma poitrine mais elle m’atteignit néanmoins à l’épaule. Oliver tira de nouveau et me toucha à la jambe. L’impact de la balle me fit tomber, et je me sentis momentanément étourdie, me maudissant de m’être précipitée aussi bêtement.

Frankie et deux autres gardes arrivèrent en haut des escaliers, à bout de souffle. Je ne me retournai pas, mes yeux toujours rivés sur Oliver qui s’apprêtait de nouveau à pointer son arme sur moi d’une main très ferme.

— Isaac est mort, dis-je avec difficulté, presque paralysée par la douleur. Aucune bombe n’explosera à l’hôpital.

— Monsieur le gouverneur, dit l’un des gardes d’une voix essoufflée, vous n’êtes pas blessé ?

Les yeux d’Oliver étaient d’un bleu azur très clair, et ses cheveux bruns parsemés de blanc étaient aussi bien coiffés que sur ses photos de campagne.

— Frankie, Stephen, John... dégagez d’ici, dit-il distinctement.

— Mais, monsieur ! répondirent-ils en choeur.

— Elle est à terre, et je tiens une arme braquée sur elle, alors barrez-vous ! rugit-il. Maintenant !

Je percevais le hurlement des sirènes, mais elles étaient encore trop loin pour qu’ils arrivent à les entendre. Les trois hommes sortirent et fermèrent la porte derrière eux sur un signe de tête d’Oliver. Je me retrouvai seule avec le gouverneur.

— Alors c’est toi Catherine Crawfield ? demanda-t-il sans faire dévier l’arme d’un centimètre.

Je ne bougeai pas. Tandis que j’essayais d’évaluer la gravité de mes blessures, je remarquai dans un nouvel accès de colère que le papier peint sur les murs avait des motifs bleus et rouges et qu’au sol il y avait du parquet. Oliver était forcément le violeur masqué d’Emily. Cette pièce correspondait parfaitement à la description qu’elle avait faite à Bones.

— Tu peux m’appeler Cat.

— Cat, répéta-t-il. Tu ne m’as pas l’air si redoutable que ça, à te voir te vider de ton sang sur mon parquet. Dis-moi, où est ton copain, le chasseur de primes ?

Les sirènes se rapprochaient. Je n’avais plus beaucoup de temps.

— À mon avis, il est en train de tuer Switch, le lieutenant d’Hennessey. T’es fichu, Oliver. Ils sont tous morts. Définitivement.

Sa main ne trembla pas.

— Vraiment ? (Il sourit. Un sourire glacial.) Des types comme Hennessey, ça court les rues. Je n’aurai aucun mal à trouver quelqu’un pour reprendre le flambeau, surtout avec les repas offerts en prime ! Une fois à la Maison-Blanche, je vais m’occuper de nettoyer le pays. Les contribuables économiseront des millions et on débarrassera les rues de toute la racaille. Tiens, mes prochaines cibles, ce seront les bénéficiaires des aides de l’État et les maisons de retraite. L’Amérique sera plus forte et plus prospère que jamais. Je suis sûr qu’on me permettra même d’exercer plus de deux mandats présidentiels.

Des crissements de pneus retentirent à l’extérieur. Je n’avais plus que quelques secondes.

— Ça n’arrivera pas.

Il sourit.

— Disons plutôt que tu ne seras plus là pour le voir. Je vais te tuer en état de légitime défense. Je vois déjà les gros titres : « Le Gouverneur déjoue courageusement une tentative d’assassinat ». Ça me fera gagner douze points dans les sondages d’ici demain.

— Ethan, dis-je doucement en écoutant les renforts qui s’approchaient de la maison. Regarde-moi.

Je laissai mon regard devenir vert. Abasourdi, il écarquilla les yeux, et je profitai de cette seconde d’inattention pour me précipiter sur lui et envoyer valdinguer son pistolet. Le coup partit, mais la balle se ficha dans le mur.

— Tu saignes... donc tu es forcément humaine, mais tes yeux... Qu’es-tu donc ? murmura-t-il.

La lueur émeraude de mon regard illuminait son visage.

— Je suis la Faucheuse, grognai-je en serrant mes mains autour de son cou. (Les bruits de pas se faisaient de plus en plus proches...) La Faucheuse aux cheveux roux, comme dirait Bones.

Je lui brisai la nuque juste avant que la porte s’ouvre à toute volée. Lorsqu’une demi-douzaine de policiers se précipitèrent dans la pièce, mes yeux avaient repris leur couleur normale et j’avais déjà les mains en l’air.

— Je me rends.

Au Bord de la Tombe
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